Stock-options : explication de texte

Point de vue

C’est bien l’excès d’impôt qui a engendré les stock-options

 Voici un court article rédigé pour Le Figaro par François d’Orcival et qui a mon avis méritait bien une petite explication de texte …

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En effet, on ne le dira jamais assez : si les grands patrons se taillent des stock-options de lions, c’est la faute à ces râleurs de pauvres qui ont voulu leur piquer tous leur sous, avec cette infamie de fiscalité !

Enfin voyons, soyons sérieux ! Comment voulez-vous que nos bonnes petites start-up bien françaises de chez nous puissent « recruter des jeunes ou des dirigeants attirés par l’audace », si on ne leur promettait pas des millions !

ouaaaah le meeeec quel audaaaaace ! il a pris le riiiiisque de … s’en foutre plein les poches !!! *

Parce qu’attention ! Les stock options, ce n’est pas de l’argent volé ! … nan nan nan … C’est « de l’argent gagné » … mmm … un peu comme au loto ou au casino … c’est çà ? … ah non … … C’est parce que ces « compéteeeeences » là, c’est du « personnel indispensaaable » …  ??? … ah oui, bien sûr, pas comme les ouvriers qui font tourner les machines ou les cadres qui se font des noeuds au cerveau pour faire tourner la boutique. Tout çà, c’est du personnel pas très indispensable, çà… Sans compter que s’il s’agit de rémunérer une compétence, ça voudrait dire qu’en moyenne, un chef de gang du Cac40 vaut 200 (deux cent) fois plus qu’un salarié lambda ** … ben voyons …

« On a fait payer à la Bourse ce que les entreprises ne pouvaient pas prendre elles-mêmes en charges » ouu ben voui ! … voui, voui ! ca s’tient ! ‘faut bien que quelqu’un paye ! et comme on voit pas du tout pourquoi qu’ce s’rait les grosses entreprises qui payeraient leurs salariés, on n’a qu’à faire comme ça, c’est ces cons de petits porteurs .. euhh .. c’est la Bourse qui paye ! A la santé d’la Bourse, M’sieur, Dame !…

Bon, bon, d’accord. Il faut bien admettre, qu’il a quelques petits polissons qui ont un peu exagéré avec ces histoires de stock-options (oh les vilains petits coquins !). Mais bon, « Faut-il aussitôt légiférer pour répondre à l’émotion populaire ? » Non, tout de même ! Si on faisait des lois pour empécher les prédateurs de nuire, à chaque fois que les plus démunis gueulent parce qu’ils en ont marre de galérer pendant que d’autres profitent de la position dans laquelle l’Univers les a mis, pour se bâfrer à en avoir les dents du fond qui baignent, on aurait pas finiii !

Je ne vous parle même pas de ces cons de gauche qui veulent supprimer les stock-options. Ces cons ! c’est bien parce qu’il n’en ont pas, eux, des stocks-options ! … mmm … mouaich … Et ces cons de droite qui veulent les taxer !! Aaaarrrfff, aarf, aarf, aarf, aarf ! Mais puisque je vous dis qu’elles ont été créées pour détourner la fiscalité, vous croyez quand même pas qu’on va être assez cons pour les garder, si vous nous les taxez ! Aaaarrrfff, aarf, aarf, aarf, aarf … ouuuuuhh … arrêtez! … vous m’faites trop rire ! j’ai mal au veeentre ! …mmm … pardonnez-moi … je veux simplement dire qu’elles « disparaîtront le jour où elles seront surtaxées ».

A mon avis, le mieux pour calmer ces cons de pauvres, c’est tout simplement de leur dire qu’il faut attendre que l’Europe accouche d’une législation sur les stocks options. Comme çà, d’ici à ce que çà arrive, on est pénard pour se remplir les fouilles pendant encore un bon bout de temps ! « Ne serait-il pas plus judicieux de réclamer une fiscalité européenne sur les stock-options ? »

« On pourrait prévoir, par exemple, que ces titres ne puissent être cédés par leur détenteurs dirigeants qu’au moment de quitter l’entreprise » ouuuaaaaaa … ah ben ça ! ben ça ! Ça c’est une bonne idée, Joe ! … mais … mais … dis, Joe, j’comprends pas !?… Je croyais que les stock-options étaient une façon de motiver les dirigeants pour que par leur bonne gestion, ils fassent monter la valeur des actions de l’entreprise. Or en fait, une fois partis, ils peuvent garder leurs stocks ??? Déjà qu’attribuer le crédit de la montée d’une action au dirigeant de l’entreprise, c’est disons, faire preuve d’une cécité pour le moins opportune sur l’ensemble des autres paramètres qui interagissent pour déterminer une valeur boursière ***, mais alors quand il n’est même plus dans la boite, le mec, il fait comment pour les faire monter les actions? Moi, je vois que deux solutions : soit il fait de la concurrence déloyale à David Copperfield pour faire de la lévitation à distance, soit … il s’en met plein les fouilles grâce au boulot et à la compétence d‘autres que lui!

Tu te souviens de l’épisode de « Prison break où Dominic Purcell » (ouh oouuuuuuuuhhhh !!…mmm … pardon … ça m’a échappé) est avec la superbe mais complètement bargeot de Jodi Lyn O’Keefe. Dominic essaye de payer un gars pour qu’il accepte de faire un boulot qui permettra à son frère de s’évader. Et le gars demande de plus en plus de fric, jusqu’à ce que brusquement, la fille sorte son flingue et mette sans sommation, plusieurs balles dans la couenne du gars. Purcell s’émeut : « mais arrêêêête, on a besoin de luiii ! » et la fille de lui répondre « puisque tout ce qui l’intéresse c’est l’argent, il va juste nous en soutirer un max avant d’aller nous donner aux flics. On ne peut pas lui faire confiance pour faire le boulot. » …

Pourquoi je pense à cette histoire, moi, quand on me parle de ces « talents » qui ont besoin de la perspective d’empocher tant de fric pour commencer à imaginer d’envisager de projeter de penser à se mettre à … bosser ?

initialement publié le 31 janvier 2008 sur http://lavielesgens.over-blog.com/

* « […] ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec les stocks options, on peut gagner beaucoup, mais on ne perd jamais. Si le cours de l’action baisse, on ne lève pas ces options, un point c’est tout. On n’a rien gagné, mais on n’a rien perdu non plus. Seul l’actionnaire normal est perdant en cas de baisse des cours. » Les goinfres. Enquête sur l’argent des grands patrons français. Patrick Bonazza, Flammarion, p. 76
Voila pour « la part de risque » que François d’Orcival voit attachée aux stocks options…

** « L’écart entre ce que touchent les grands patrons et ce que touche le salarié moyen c’est considérablement accru. Il était de 1 à 20 il y a vingt ans. Aujourd’hui il est de 1 à 200 ! En 2005, les PDG du CAC40 ont perçu en moyenne (stocks-options et autres avantages compris), 4,8 millions d’euros quand le salaire moyen s’établissait à 1850 euros brut (chiffres INSEE) […] Aujourd’hui, par exemple, diriger une entreprise dont le périmètre se rétrécit, qui perd de l’argent et dont la stratégie a du mal à convaincre, permet tout de même à son PDG de gagner 1,2 millions d’euros. » idem p. 70

*** Beaucoup d’éléments « polluent » le cours d’une action : la conjoncture, un choc politique, le cours du dollar, le prix du pétrole, le niveaux des taux d’intérêt… Jean-Marie Messier, un expert en la matière, a même démonté le principe des stocks, en 2003, devant une mission d’information de l’Assemblée, […] « A la vérité, je ne suis pas totalement certain que le principe des stock-options soit réellement sain […]. Ce peut être un jackpot énorme, sans que le dirigeant ait joué un rôle pour ce faire » idem p.78