Au cours d’une analyse, on ressent parfois son divan comme une cage pour hamster, parce que vue de l’intérieur, une analyse peut par moment faire penser à une roue, dans laquelle on s’épuiserait à tourner sans vraiment avancer. Heureusement, la trajectoire d’une analyse n’est pas un cercle, mais une spirale. Chaque tour de spire fait jouer un peu plus les liens desserrés au tour précédent, jusqu’à ce qu’un beau jour, ça finisse par lâcher.
Ainsi, après certaines séances, on se retrouve sur le trottoir, tout étourdi, comme un oiseau qui déboule au grand air, après être resté longtemps enfermé dans un sous-sol mal ventilé, à s’empêtrer dans le voilage des fenêtres et se cogner le bec contre la vitre, en tentant désespérément de sortir. Pourtant, une fois franchie, 13 sept 2017 l’ouverturel’accès à l’air libre est une évidence à laquelle on n’ose pas toujours croire, habitué que l’on est aux repères certes pénibles, mais si familiers, des anciennes angoisses.
Peut-on imaginer qu’à la fin de « Midnight Express* », le personnage qui réussit à s’échapper après des années de réclusion dans des conditions épouvantables**, soit tellement abasourdi de se retrouver soudain si facilement au soleil, qu’il décide de retourner dans la prison ? Simplement pour ne pas perdre l’ombre, la vermine et la violence, parce qu’elles lui sont devenues familières, 13 sept 2017 ou parceet qu’il faudrait à tout prix éviter une perte ?
C’est que l’affaire d’une psychanalyse ne consiste pas seulement à dégager les voi(x)es du désir.
Encore faut-il en poser de nouvelles.
*Titre du film d’Alan Parker, sorti en 1978. Il s’agit du terme employé par les prisonniers pour désigner l’évasion de la prison.
** A noter que l’extrême noirceur du film doit certainement plus aux fantasmes de ses créateurs qu’à la réalité de la Turquie. En 2004, Oliver Stone, auteur du scénario, s’est excusé publiquement, pour avoir surdramatisé la représentation de la Turquie (notamment, en ajoutant des scènes de violence qui ne se trouvent pas de livre autobiographique de William Haynes, dont le film est une adaptation)
http://www.guardian.co.uk/world/2004/dec/16/turkey.film
Midnight Express, musique: Giorgio Moroder
As the night is leaving
Silently retreating down an empty hall
Suddenly a stirring
Finally recurring where I let it fall
Following the wanderings of a dream
A dream that keeps my soul alive
Believing in an open sky
Believing in a love.
Dancing with a stranger
Careless of the danger there within his smile
While the dew is forming
Breathing in the morning like a sleeping child.
If the memory of the light should fade
Horizons reaching cold and blue
Until your heart is free to fly
Then I will keep the sun for you.
Until you touch the open sky
Then I will keep the sun for you
Until we never say goodbye
Then I will keep the sun for you.
Lyrics by Chris Bennett