L’amour est un lieu d’adresse inédit. La rencontre, un risque.

Parole

C’est que le désir sexuel est bien loin de l’instinct, et que surtout, l’amour concerne le rapport du sujet à l’Autre comme lieu d’adresse, avant d’y inclure l’autre […]. C’est que l’amour est toujours un appel à un nouveau lieu d’adresse. […]

L’amour est toujours la possibilité […] de trouver un nouveau lieu d’adresse. Un lieu qui est inédit pour le sujet. On peut être dans quelque chose d’inédit, même si c’est rituel. On peut pas simplement expliquer le rituel en disant « c’est une habitude sociale ». Parce que quand le sujet s’oriente, ou prend pied pour la première fois de sa vie dans un rituel, je vous assure qu’il les a à zéro ! Il n’a pas le sentiment de répéter les habitudes [ancestrales]. Le fait de s’avancer dans un rituel, c’est quelque chose qui vous met dans une situation complètement inédite.

Ce qui est intéressant quand on porte tout notre poids de présence, quand on veut faire une rencontre, ce qui est intéressant, ce n’est pas de considérer l’autre comme un témoin des habitudes de son clan, de son groupe, de sa culture, de sa religion, que sais-je encore, mais d’entendre comment l’autre [le sujet ?], dans la grammaire préétablie de l’ancestralité, tente ce qui est pour lui, le risque d’être dans l’inédit.

Olivier Douville, lors de la journée thématique « L’Amour », à la La Ralentie, 18 mars 2012
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Les voi(x)es du désir

Point de vue

Au cours d’une analyse, on ressent parfois son divan comme une cage pour hamster, parce que vue de l’intérieur, une analyse peut par moment faire penser à une roue, dans laquelle on s’épuiserait à tourner sans vraiment avancer. Heureusement, la trajectoire d’une analyse n’est pas un cercle, mais une spirale. Chaque tour de spire fait jouer un peu plus les liens desserrés au tour précédent, jusqu’à ce qu’un beau jour, ça finisse par lâcher.

Ainsi, après certaines séances, on se retrouve sur le trottoir, tout étourdi, comme un oiseau qui déboule au grand air, après être resté longtemps enfermé dans un sous-sol mal ventilé, à s’empêtrer dans le voilage des fenêtres et se cogner le bec contre la vitre, en tentant désespérément de sortir. Pourtant, une fois franchie, 13 sept 2017 l’ouverturel’accès à l’air libre est une évidence à laquelle on n’ose pas toujours croire, habitué que l’on est aux repères certes pénibles, mais si familiers, des anciennes angoisses.

Peut-on imaginer qu’à la fin de « Midnight Express* », le personnage qui réussit à s’échapper après des années de réclusion dans des conditions épouvantables**, soit tellement abasourdi de se retrouver soudain si facilement au soleil, qu’il décide de retourner dans la prison ? Simplement pour ne pas perdre l’ombre, la vermine et la violence, parce qu’elles lui sont devenues familières, 13 sept 2017 ou parceet qu’il faudrait à tout prix éviter une perte ?

C’est que l’affaire d’une psychanalyse ne consiste pas seulement à dégager les voi(x)es du désir.
Encore faut-il en poser de nouvelles.

*Titre du film d’Alan Parker, sorti en 1978. Il s’agit du terme employé par les prisonniers pour désigner l’évasion de la prison.

** A noter que l’extrême noirceur du film doit certainement plus aux fantasmes de ses créateurs qu’à la réalité de la Turquie. En 2004, Oliver Stone, auteur du scénario, s’est excusé publiquement, pour avoir surdramatisé la représentation de la Turquie (notamment, en ajoutant des scènes de violence qui ne se trouvent pas de livre autobiographique de William Haynes, dont le film est une adaptation)
http://www.guardian.co.uk/world/2004/dec/16/turkey.film

Midnight Express, musique: Giorgio Moroder

As the night is leaving
Silently retreating down an empty hall
Suddenly a stirring
Finally recurring where I let it fall
Following the wanderings of a dream
A dream that keeps my soul alive
Believing in an open sky
Believing in a love.

Dancing with a stranger
Careless of the danger there within his smile
While the dew is forming
Breathing in the morning like a sleeping child.
If the memory of the light should fade
Horizons reaching cold and blue
Until your heart is free to fly
Then I will keep the sun for you.
Until you touch the open sky
Then I will keep the sun for you
Until we never say goodbye
Then I will keep the sun for you.

Lyrics by Chris Bennett

Homme précieux

Parole

tu vis avec des fous
qui courent après l’argent
quand il s’agit de désirer.
prison dorée
beauté calibrée
sécurité assurée
la fantaisie ? encravatée !

tu vibres avec des fous
qui courent après un ballon
quand il s’agit de jouer.
prison d’images
écran plat allumé
le Qatar a payé
la soirée ? décérébrée.

tu vibres avec des fous
qui courent après un ballon,
17 fév. 2013 et veulent des millions,
quand il s’agit de jouer.
prison d’images
écran plat allumé
le Qatar a payé
17 fév. 2013 la parole ? oblitérée.

tu crois avec des fous
qui courent après la mort
quand il s’agit de vivre.
prison de paradis
parce que c’est écrit
dans de vieux textes jaunis
la vérité ? enformolée !

et pourtant …

homme précieux de tes caresses
je vibre de désir pour toi

homme précieux de ton corps
j’oublie la mort dans tes bras

homme précieux de tes sourires
près de toi, la vie se fait douce

homme précieux de ton nom
le prononcer est un délice

Respirer le vent du désir et vivre les tempêtes de la liberté, mais sortir couverte

Parole

Photo VG du tableau de Miss.Tic (2012) « Dans mes jardins secrets, le doux se crée » , 92 x 73cm, encre aérosol sur soie.
Photo VG du tableau de Miss.Tic (2012) « Dans mes jardins secrets, le doux se crée » , 92 x 73cm, encre aérosol sur soie,
prise à la Galerie Lelia Mordoch (75006 Paris) en juillet 2012 et publiée avec l’accord de Miss.Tic

« Dans mes jardins secrets, le doux se crée »
Sur le divan, ce dit se vit,
Sans le divan, ce dit se vend.
Mais pourquoi le dire sans vêtements ?